Localisation
En raison de la croissance démographique considérable, la ville a misé, au courant des décennies, sur différents modes d'implantation et de traitements de l'espace public. Depuis 1991, tel que mentionné dans les enjeux, la ville tente de continuer à se développer en misant sur la compacité, en tissant la ville sur la ville. Étant donné la forte influence de la qualité des espaces publics sur l’acceptabilité et la perception d’un quartier dense, comment se perçoivent ces changements de mentalité dans les aménagements des quartiers résidentiels au fil du temps?
Une analyse des espaces publics fréquentés par les piétons, basé sur la théorie de Jan Gehl, a permis de comparer les types de traitement de l’espace public, mis en relation avec la densité perçue du quartier. Cela nous permettra par la suite d’analyser plus en profondeur le quartier Strandkanten, en construction depuis 2003, qui avait comme mandat de réaliser des espaces publics de qualités, tout en ayant une forte densité. La question à laquelle on cherche à répondre est donc: cet objectif a-t’il été atteint? |
KROKEN1970
Types de bâti : maisons de ville, habitation collective. Densité brute: 34 unités/ha Densité nette: 49 unités/ha Unités: 762 Résidentiel: 80% Espace public collectif: 6% Rue: 13% |
BO I NORD1988-90Concepteurs : Plusieurs bureaux
Chef de l'urbanisme : Kai Bertheussen Analyse climat et paysage: Anne Brit Børve, Arne K. Sterten et Kine Halvorsen Thoren. Client : Ville de Tromsø et autres Types de bâti : habitation collective, appartements, maisons de ville, maisons individuelles. Densité brute: 12 unités/ha Densité nette: 28 unités/ha Unités: 200 Résidentiel: 44% Espace public collectif: 46% Rue: 10% |
STRANDKANTEN2003-2015...Concepteurs: 70 ° N Arkitektur, Dahl + Uhre arkitekter, boarc, Voll Arkitekter, code: arkitektur, Borealis Arkitekter AS
Ingénieurs/ contracteur : Skanska ASA Client: Strandkanten AS Types de bâti: habitation collective. Densité brute: 60 unités/ha Densité nette: 122 unités/ha Unités: 900 Résidentiel: 49% Espace public collectif: 41% Rue: 9% |
Description
Étalement urbain
Kroken est un quartier construit dans les années 70 qui est un exemple d’étalement urbain. Situé entre 8 à 10km du centre-ville de Tromsø, il est obligatoire d’emprunter soit le tunnel ou le pont pour s’y rendre. Il s’agit d’une des zones urbanisées les plus loin du centre. Les principaux effets négatifs de l’étalement urbain, tel que la congestion routière, les niveaux élevés de pollution dût aux voitures, la perte d’espaces ouverts, la disparité de l’offre de commerces et de services, la ségrégation des classes et l’affaiblissement de la vie en communauté (Nechba Walsh, 2004) pourraient être quelques-uns des facteurs qui a influencé la décision de la ville à privilégier l’option «resserrée» par la suite. Source: Google earth
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L’adaptation climatique au cœur du projet
Bo i Nord est un quartier aux typologies variées, situé dans une pente faisant face au nord-ouest de l’île de Tromsø. La région a été créée pour l'exposition du logement Bo i Nord (vivre dans le Nord) en septembre 1990. Cette exposition consistait en une collaboration entre la municipalité de Tromsø et Norske Boligutstillinger (Bricolage Expositions norvégien) dans le cadre de Winter cities à Tromsø en 1990. Le principal objectif de cette exposition était de montrer des conditions d’habitat optimales et des maisons adaptées au climat. Le projet s’est imposé ses propres critères de conception à la manière d’une liste à cocher, contenant les considérations telles que le soleil, le vent, la neige et la consommation d’énergie. (Bertheussen, p.141-142) Ainsi, l’adaptation climatique était réellement au cœur du projet. Source: Google earth
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Une nouvelle urbanité
Strandkanten est un ancien quartier industriel qui résulte de la stratégie de concentration et de densification qui visait à ramener les activités au centre de Tromsø et ainsi diminuer les besoins en transports. (Archdaily, 2008) L’enjeux principal était d’avoir des espaces extérieurs de qualité tout en ayant une forte densité. Le plan d’ensemble pour Strandkanten a été fait en collaboration entre les propriétaires de terrains, la municipalité, le Norwegian State Housing Bank et le ministère de l’Environnement. Source: Google earth
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Les espaces publics et collectifs
Source: Google street view
Kroken s’avère à être d’une assez pauvre qualité urbaine en raison du manque de diversité des espaces collectifs et de l’abondance d’espaces résiduels gazonnés. Un des aspects positifs est que certaines rues sont uniquement piétonnes, ce qui améliore la sécurité au sein du quartier. Par contre, le fait que toutes les rues ne soient pas accessibles par l’automobile ne semble pas permettre d’obtenir des espaces collectifs plus généreux. Les stationnements sont tout de même près des logements et les rues piétonnes possèdent le même traitement au sol que ceux pour la voiture, elles ne sont finalement pas tellement plus propices à l’appropriation.
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Source: Université de Tromsø
Les logements sont disposés en cinq poches d’habitations séparées par de grandes zones d’espaces verts naturels. (Bertheussen, p.139) Des sentiers offrent des connexions entre les zones d’habitations. Deux zones de parcs reliés entre elles de l’est à l’ouest constituent des zones communes entre les logements et créent une protection contre les vents dominants. Chaque zone d’habitation en soit forme aussi un écran de protection climatique par la façon dont les bâtiments s’implantent en venant former un bouclier contre les vents du nord-ouest. Les toitures ont aussi été étudiées afin de rediriger le vent et permettre un microclimat plus doux devant les maisons. (Université de Tromsø, 2008)
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Source: Openbuildings
45% des surfaces du quartier sont dédiés à des espaces publics extérieurs et le quartier est principalement sans voitures. (70°N Arkitektur, 2009) La diversité des espaces collectifs et des aires de jeux sont une des forces du projet. Les berges en bordure du projet prévoient aussi une extension d’un quai de promenade entre le centre de Tromso et les espaces verts au sud de l’ile en raison de la nouvelle règlementation qui l’oblige pour toute nouvelle construction le long des berges.
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Adaptation au climat
Source: Google street view
Kroken est principalement constitué de maisons en rangée, implantées perpendiculairement ou parallèlement à la montagne. Il y a très peu de considérations liées au climat régional, soit au vent ou au soleil. De plus, on ne retrouve presque pas de végétation à l’intérieur du quartier, quelques arbres isolés, mais aucune variétés d’espèces et d’aménagements. La qualité des matériaux utilisés pour l’architecture influence aussi notre perception de la qualité d’un quartier, de sa densité perçue. Dans Kroken, ce qui frappe c’est la répétition des façades et la piètre qualité de l’architecture et de l’aménagement. La fenestration n’est pas généreuse, laissant parfois à la vue du piéton des façades aveugles. Le manque de variabilité dans les types de bâtis peu influencer négativement cette densité perçue et la qualité de l’espace public. |
Bo I Nord montre une adaptation au climat qui se reflète jusque dans la typologie des habitations.
Une des typologies de bâti consiste en deux maisons de deux étages reliés entre elles par un portique. Cette zone de transition entre l’intérieur et extérieur permet un espace de rangement ou de jeu, protégé des intempéries. L’adaptation de la végétation existante permet aussi différentes zones protégées en lien avec le bâti. Une autre typologie consiste en 10 maisons de deux étages qui forment un écran contre les vents d’été froids du nord-est. Des jardins, espaces communs et cour de jeu ce trouve au devant des maisons dans l’espace semi-circulaire protégé, faisant face au soleil. (Université de Tromsø, 2008) Source: Université de Tromsø
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Source: Openbuildings
Le quartier a été conçu dans une optique de répondre aux particularités du site, soit les conditions climatiques et la proximité de l’eau. Pour ce faire, l’implantation des bâtiments permet des espaces protégés des vents entre les logements tout en gardant des percées visuelles dégagés sur le paysage. Les paramètres climatiques ont donc été intégrés au projet.
Dans le tableau d’analyse selon Ghel, le quartier répond à l’ensemble des critères de qualités. Sans vouloir dire qu’il est parfait, on voit que l’ensemble des critères a été considéré dans le design. L'analyse des espaces publics est approfondi dans l'étude de cas du quartier. |
Après une analyse de qualité selon Jan Gehl, des espaces fréquentés par les piétons, des points ont été attribués aux 3 quartiers types de la ville, soit Kroken, Bo I Nord, puis Strandkanten.
Analyse
On peut constater après une analyse des trois différents quartiers types qu’il existe une évolution dans le temps de l’importance accordée à l’intégration des espaces publics dans les quartiers résidentiels de Tromsø. La présence d’une proportion généreuse d’espaces publics collectifs de qualité est vue comme un outil pour améliorer la perception des citoyens des modèles d’habitations plus denses.
En effet, la densité de Kroken, bien que deux fois moins élevée que celle du quartier Limoilou à Québec, est perçue comme plus élevée en raison de la faible proportion d’espaces publics collectifs et de leur piètre qualité. À l’inverse, Bo I Nord avec ses espaces collectifs bioclimatiques, variés et généreux démontre une évolution des mentalités quant à l’importance d’intégrer un pourcentage élevé d’espaces collectifs. S’inscrivant dans cette lignée, Strandkanten tire profit de la quantité et de la qualité de ses espaces publics pour faire accepter sa densité plus élevée.
Tel que mentionné par Jenks (1996), “Few are likely to accept changes unless there is an alternative that gives as good or better a quality of life [...]”. Dans des quartiers comme Bo I Nord, il apparaît évident que la qualité de l’espace public est un facteur clé pour améliorer la perception de la densité. Avec ses 41% d’espaces publics, Strandkanten, en construction depuis 2003, mise de toute évidence sur une architecte de qualité et des espaces collectifs généreux et variés pour rendre attrayante sa compacité.
Deux questions se posent alors; est-ce que les intentions de départ ont été atteintes et est-ce que ces deux facteurs suffisent pour rendre la densité attrayante ? En effet, selon Jenks, la proximité des transports et des services sont d’autres facteurs à prendre en compte pour rendre acceptable une ville compacte. Ces différents éléments feront donc l’objet de cette étude de cas en se basant principalement sur les critères d’analyses développés par Gehl et Bentley.
En effet, la densité de Kroken, bien que deux fois moins élevée que celle du quartier Limoilou à Québec, est perçue comme plus élevée en raison de la faible proportion d’espaces publics collectifs et de leur piètre qualité. À l’inverse, Bo I Nord avec ses espaces collectifs bioclimatiques, variés et généreux démontre une évolution des mentalités quant à l’importance d’intégrer un pourcentage élevé d’espaces collectifs. S’inscrivant dans cette lignée, Strandkanten tire profit de la quantité et de la qualité de ses espaces publics pour faire accepter sa densité plus élevée.
Tel que mentionné par Jenks (1996), “Few are likely to accept changes unless there is an alternative that gives as good or better a quality of life [...]”. Dans des quartiers comme Bo I Nord, il apparaît évident que la qualité de l’espace public est un facteur clé pour améliorer la perception de la densité. Avec ses 41% d’espaces publics, Strandkanten, en construction depuis 2003, mise de toute évidence sur une architecte de qualité et des espaces collectifs généreux et variés pour rendre attrayante sa compacité.
Deux questions se posent alors; est-ce que les intentions de départ ont été atteintes et est-ce que ces deux facteurs suffisent pour rendre la densité attrayante ? En effet, selon Jenks, la proximité des transports et des services sont d’autres facteurs à prendre en compte pour rendre acceptable une ville compacte. Ces différents éléments feront donc l’objet de cette étude de cas en se basant principalement sur les critères d’analyses développés par Gehl et Bentley.